Compte-rendu des leçons prises en 1951 par Diogo de Bragance avec Nuno Oliveira pour le dressage de Garoto
Ces compte-rendus ont été publiés à la fin de l'ouvrage de Nuno Oliveira Breves notas sobre uma arte apaixonante: a equitação (1955), accompagnés d'une photo de leur auteur Diogo de Bragance et de son cheval bai Garoto. (note du traducteur)
Première leçon 19-10-1951
Le maître m'a demandé de monter le cheval selon ce qu'il sait, pour voir dans quel état il se trouvait.
Le cheval présentait de nombreux défauts ainsi que le cavalier.
Les principaux défauts du cheval étaient qu'il pesait fortement à la main, un fort appui sur la barre droite et très faible sur la barre gauche.
- Le cheval pesait à la main et quand j'essayais de décontracter sa mâchoire, il se défendait en plaçant sa tête correctement, c'est-à-dire verticalement, mais sans aucune légèreté.
- Il s'appuyait sur la barre droite et ainsi la position de la tête était incorrecte et un peu du côté gauche. Cette position défectueuse avait déjà provoqué un développement important des muscles de l'encolure à droite.
La raison de cette position vient du fait que le cheval est toujours abordé, harnaché, mené et monté du côté gauche. On dit en outre que dans le ventre de sa mère le poulain tient sa tête collée à l'épaule gauche et que cela oblige l'encolure à une torsion complète.
De plus quand le poulain tète il le fait presque toujours en se plaçant du côté droit de la jument, ce qui oblige encore la tête à se tourner vers la gauche.
C'est contre cette tendance que nous cherchons à lutter.
La leçon commence par des flexions à pied de la mâchoire de cette forme: agir sur le filet vers le haut perpendiculairement au chanfrein du cheval tout en agissant avec la bride dans la direction normale et opposée à celle de la bride. Le cheval ouvre la bouche et si le bout la gaule s'y trouve il l'ouvre encore mieux.
Le cheval s'est défendu en reculant et en élevant sa tête très haut, verticale mais sans décontracter sa mâchoire.
On ne doit jamais confondre la position de la tête et la décontraction de la mâchoire. Sans cette dernière celle-là sera toujours défectueuse.
Comme le cheval s'appuyait sur la barre droite dans la flexion à gauche, il se traversait en mettant sa croupe à l'intérieur du manège.
Le maître dit qu'à ce stade nous ne devons nous préoccuper que de la décontraction de la mâchoire et pas de la position de la tête. Cela viendra quand le cheval sera décontracté à toutes les allures.
Pour corriger le défaut du cheval de ne s'appuyer qu'à droite sur la barre, on travaille beaucoup à cette main avec les aides dans la position suivante: la main gauche tient la rêne de filet très haut et la rêne contre l'encolure, la main droite tient le filet moins fortement; la jambe droite en arrière de la sangle, et la jambe gauche à la sangle.
Ensuite nous faisons des voltes au trot enlevé en changeant souvent de diagonal.
Deuxième leçon 22-10-1951
La leçon commence par la flexion de mâchoire à pied. Le cheval se décontracte un peu, ce qu'il n'avait pas fait à la leçon précédente.
On reconnaît la décontraction aux mouvements de va-et-vient de la langue, commme dans la déglutition.
Nous commençons ensuite l'exercice de l'épaule en dedans à cheval, avec l'aide du maître, à pied.
Cet exercice consiste à décrire à cheval deux cercles concentriques, un avec les antérieurs et un autre avec les postérieurs, les premiers sur le cercle le plus petit et les suivants sur le cercle le plus grand.
Pour que l'exercice soit parfait le cavalier doit agir de la manière suivante, par exemple à main droite (épaule droite en dedans): la rêne gauche plus prononcée que la droite avec la main bien haute sur le seul filet; la jambe gauche derrière la sangle et la droite à la sangle. Les actions des jambes comme des mains doivent être douces.
Ne pas négliger que dans l'épaule droite en dedans la croupe va à droite et vice-versa. La fonction de la jambe n'est pas de pousser la croupe mais bien de plier le cheval avec la concavité du côté opposé à celui du mouvement.
Au début le cheval ne s'est pas allégé mais il l'a fait petit à petit grâce à des actions douces sur le filet. De plus il travaillait mieux avec sa croupe quand il était loin de la paroi.
Dans l'épaule en dedans le poids du corps du cavalier doit peser selon le sentiment du mouvement, comme dans tous les exercices de deux pistes.
On est parti ensuite au trot enlevé en changeant de diagonal quand nécessaire.
Pour de bons départs au galop le maître nous donne les conseils suivants.
Pour galoper à droite: bien lever les deux mains; jambe gauche en position en arrière de la sangle; jambe droite à la sangle pour réguler (activer ou modérer) l'allure; déplacer les deux mains vers la gauche pour alléger
l'épaule droite vu que l'avant-main au début du galop se lève et s'appuie sur l'épaule gauche.
Le mouvement des mains pour alléger l'épaule droite doit se faire exactement quand la jambe gauche agit.
Pour le galop à gauche il n'y a qu'à inverser les aides.
3° leçon 26-10-1951
La leçon commence par la flexion de la mâchoire à pied, montrant une meilleure décontraction du cheval que dans les leçons précédentes. La flexion est dite directe, tant à pied qu'à cheval, quand la décontraction est réalisée et la pression des rênes s'exerce sur les deux barres en même temps. La flexion est dite latérale, quand on cherche à décontracter une seule des barres. Dans la flexion directe à cheval, il est indispensable que les jambes agissent d'abord.
On continue par l'exercice de l'épaule en dedans. Ne pas négliger que quand on dit épaule droite en dedans, le cheval se déplace vers la gauche puisque ce n'est qu'ainsi que l'exercice s'applique à l'épaule droite. Le cheval a fait preuve de plus de légèreté en travaillant en piste intérieure.
Trot enlevé en changeant de main en restant dans la selle pendant deux battues.
Nous faisons ensuite un exercice au galop de la manière suivante: supposons le galop à gauche; après avoir galopé franchement le cheval commence à se stabiliser et les aides du cavalier fonctionnent ainsi alternativement et continûment: jambe gauche et rêne gauche (aide latérale interne); jambe droite et rêne droite (aide latérale externe). Cet exercice amène le cheval à cadencer son galop et le maître a donné le même conseil pour «Brioso», le cheval de mon frère Miguel, qui sautillait de la croupe au galop. L'aide latérale intérieure exerce les muscles extenseurs du côté contraire.
Le maître nous enseigne une méthode infaillible pour galoper un cheval sur un pied quand il s'obstine à refuser ce galop: mettre au grand trot enlevé sur le pied sur lequel le cheval ne veut pas galoper; précipiter le trot et de manière infaillible le cheval galopera sur le pied qu'il refusait.
Le maître a monté le cheval et a essayé l'appuyer, ce que le cheval a fait, pas si mal.
Il m'apprend à «scier les rênes»1 ce qui consiste à tirer doucement et chacune à son tour les rênes de filet, ce qui oblige le cheval à décontracter sa mâchoire.
Ensuite nous commençons à galoper «à faux», ce qui consiste pour le cheval à galoper, par exemple, à main gauche mais sur le pied droit, ou vice-versa.
Cet exercice gymnastique beaucoup la croupe du cheval et est très utile à cette phase initiale du dressage.
Conseils pour l'appuyer: le cheval marche sur la piste et à l'entrée d'un coin le cavalier commence à agir avec les aides pour appuyer après le coin. Pour appuyer à droite: le cavalier agit très doucement dans le coin avec la jambe droite et la rêne gauche pour mettre le cheval en position d'appuyer, jambe gauche et rêne droite, et jambe droite à la sangle. Le mouvement est exécuté avec les épaules devant les hanches. Le poids du cavalier agit du côté vers lequel on appuie. Le cheval doit bien croiser ses jambes tout en allant toujours vers l'avant.
4° leçon 29-10-1951
Nous commençons par les flexions à pied. Le cheval s'améliore mais par moments continue à prendre le mors de bride, ce qu'on ne peut arrêter qu'au prix de vibrations sur le filet de bas en haut (les rênes étant déjà passées sur le chanfrein). La mâchoire inférieure fait des mouvements de gauche à droite et inversement: signe de résistance à la décontraction. La mâchoire, quand elle se décontracte, doit bouger du bas vers le haut. En conservant toujours le cheval droit et léger, nous commençons à pied à le faire reculer de quelques pas, et à avancer de même, à l'arrêter souvent. Le maître dit que c'est dans ces variations d'allure et de direction que nous devons chercher à obtenir la légèreté.
Pour que le cheval recule bien, deux choses sont nécessaires: que le cheval soit léger, et que sa croupe soit mobilisée.
Une fois en selle nous cherchons à faire de nombreux demi-arrêts, à allonger et raccourcir le pas et à reculer de quelques pas, tout cela avec un cheval très léger. Ne pas oublier que quand le cheval dévie sa croupe, nous devons lui opposer les épaules pour la redresser, et vice-versa.
Le cheval a tendance, à main gauche, à mettre sa croupe vers l'intérieur du manège.
Dans ce cas nous devons lui opposer la rêne d'appui droite.
Ensuite nous commençons à appuyer selon les règles déjà précisées.
Le cheval résistait continûment à obéir à la jambe gauche et sa croupe fuyait vers la gauche au lieu d'aller à droite.
Devant ce comportement nous avons commencé par un cercle à droite afin de bien entamer l'appuyer.
Nous avons ensuite fait l'exercice de l'épaule en dedans.
Nous commençons alors les rotations directes.
La rotation directe consiste pour le cheval à décrire deux cercles concentriques, la croupe décrivant de plus petit rayon.
On fait cet exercice au milieu du manège.
Les aides doivent agir ainsi à droite: jambe gauche derrière la sangle, jambe droite à la sangle; rêne droite (filet seul) jouant le rôle de la rêne directe dans l'appuyer.
Une rêne peut être directe ou contraire.
Directe est celle qui commande le mouvement.
Contraire, elle joue un rôle régulateur et équilibrant.
La rêne directe peut être d'ouverture ou d'appui.
La Rêne Directe d'Ouverture, est celle qui commande le mouvement en s'éloignant de l'encolure de l'animal. Son utilisation a pour effet de déplacer la croupe dans la direction inverse. Par exemple, la rêne d'ouverture à droite fait dévier la croupe vers la gauche.
La Rêne Directe d'Appui, commarde le mouvement par la main près de l'encolure à la base du garrot, et a comme action sur la croupe qu'elle l'oblige à se déplacer vers le même côté. Par exemple, la rêne d'appui à gauche fait dévier la croupe vers le même côté gauche.
Le maître a monté le cheval pour la rotation directe à droite.
Le cheval s'est défendu soit en déviant sa croupe à gauche soit par des sauts traduisant son incompréhension (des aides), mais jamais sa mauvaise volonté.
Le maître lui a demandé beaucoup de voltes à droite en insistant sur la jambe gauche mais sans jamais se fâcher avec le cheval.
Après un quart d'heure la cheval montre qu'il a compris, sinon totalement du moins partiellement, ce qu'on lui demande.
Repos au milieu du manège.
Je le monte ensuite et avec l'aide du maître de de sa gaule nous continuons à lui demander des rotations qui, sans être parfaites, montraient que le cheval comprenait. Il a fait ensuite deux voltes presque sans aides.
Il me semble que la raison principale pour laquelle le cheval ne faisait pas les rotations était double: il ne voulait pas et il ne pouvait pas.
1°- Il ne voulait pas faire le mouvement parce qu'il ne comprenait pas. Et il ne comprenait pas parce qu'il n'était pas habitué au langage des aides qui diffèrent selon qu'on emploie la rêne d'ouverture ou d'appui.
Il n'était pas habitué au langage des aides parce que moi, son cavalier, je ne connaissais pas les effets différents des rênes quand elles sont employées de l'une ou de l'autre manière.
2°- Il ne pouvait pas le faire parce qu'il n'était pas en équilibre, comme on l'avait constaté lors de la première leçon.
La leçon se termine en faisant galoper le cheval en cercle à gauche au moyen des aides latérales internes et externes, alternativement.
J'ai gardé une forte impression de cette leçon: à savoir que rien de bon ni de durable ne résulte de la force et de la violence, et qu'on peut tout obtenir par la patience, la perséverance, le tact, et par dessus tout, en travaillant avec sa tête. Le cheval ne voulait ni ne pouvait faire la rotation à droite, mais le maître négligeant ses réactions, continuant d'agir avec des aides intelligemment appliquées, réussit au bout d'un quart d'heure à faire accepter sa volonté, ce qu'il aurait pu imposer en beaucoup moins de temps par la force, mais avec des résultats qui n'auraient été que le bénéfice d'un instant. En ce cas la volonté du cavalier aurait été imposée, et dans notre cas elle ne le fut pas mais a été acceptée doucement et de bon gré par le cheval.
C'est ce principe que je dois suivre et cet exemple que je dois copier si je veux, comme je le pense, pratiquer la vraie équitation.
Méthode pour la rotation à pied:
À droite: le cheval droit d'épaules et de hanches; la main droite tient la rêne du même côté; la main gauche tient la rêne gauche; le cavalier se place à la gauche du cheval; la main gauche tient aussi la gaule qui agira sur la jambe gauche juste assez pour que les épaules puissent marcher toujours plus; le cavalier accompagne et pousse les épaules.
5° leçon 2-11-1951
Nous commençons avec les flexions habituelles.
Nous nous mettons à cheval et pour obtenir la légèreté faisons les exercices suivants:
Tenue des rênes selon la méthode de l'écuyer James Fillis: rênes de filet entre le pouce et l'index de chaque main, et les rênes de bride entre l'annulaire et l'auriculaire.
Pour alléger on commence par aller au pas en variant l'appui des barres du filet à la bride et alternativement. Agir ainsi avec les mains en faisant un pas ample et raccourci, des arrêts, des demi-arrêts, du reculer, du trot ample et raccourci. Céder quand le cheval s'allège. Un autre exercice qui allège le cheval est de «scier le bridon»2 comme déjà expliqué.
Nous faisons quelques rotations directes à propos desquelles je dois ajouter aux indications précédentes: les jambes bien en avant; la jambe contraire doit agir assez pour que le cheval ne perde pas l'impulsion comme cela arrive; les rênes à employer sont celles du filet et elles ne doivent jamais tirer vers l'arrière, elles doivent agir à la base du garrot et céder dès que le cheval s'allège.
Aujourd'hui «Garoto» s'est montré beaucoup plus léger.
On a continué par l'exercice de l'épaule en dedans.
On a fait ensuite un appuyer pour lequel j'ai dû utiliser assez fortement la jambe contraire pour éviter que le cheval perde son impulsion et se retienne.
- Changement de pied au galop
Pour que le cheval change de pied il faut rigoureusement observer les conseils suivants:
Le cheval étant au galop à faux à droite, c'est-à-dire à main droite mais sur le pied gauche. Après avoir galopé franchement on change de pied après un coin de la manière suivante: avant d'arriver au coin le cheval doit aller librement, c'est-à-dire absolument sans aucune tension des rênes; à la sortie du coin la jambe gauche agit d'un coup sec et précis3 et le cheval change à droite parce que cela rétablit son équilibre, vu qu'il galopait à cette main mais sur le pied gauche.
Cette méthode doit être appliquée de préférence à celle qui préconise de changer de pied en passant d'un cercle à un autre, parce que celle-ci traverse les chevaux et de plus les oblige à changer de direction à chaque demande.
6° leçon - 5-11-1951
Légèreté au pas, arrêts, reculer, trot ample et raccourci.
Rotations directes des deux côtés.
Galop en cercle en alternant les aides latérales intérieures et extérieures pour cadencer le galop.
Dès que le cheval s'allège, céder et continuer à galoper de l'avant.
- Changement de pied au galop
En galopant à main droite sur le pied gauche changer de pied en agissant avec la jambe gauche et en déplaçant les mains vers la gauche pour prendre le galop à droite.
Le cheval n'a bien fait que deux ou trois changements de pied. À mon sens la cause principale en est qu'il n'était pas léger, parce que nous n'avions pas fait les flexions à pied au début de la leçon et parce que, par nature, il n'aime pas céder.
Appuyer aux deux mains.
- Contre-changements de main au pas
Cet exercice consiste à appuyer aux deux mains de manière consécutive.
Quand le cheval appuie à droite, il le fait par les aides diagonales: jambe gauche, rêne droite et jambe droite à la sangle pour activer le mouvement; pour qu'il passe à l'appuyer à gauche on fait ainsi: arrêter, la jambe gauche agit seule doucement pour dévier la croupe vers la droite et, la position pour appuyer à gauche ayant été ainsi donnée, le mouvement commence en agissant avec les aides correctes qui sont jambe droite, rêne gauche, et jambe gauche avancée.
7° leçon - 16-11-1951
Le temps qui s'est écoulé entre les leçons 6 et 7 est dû à mon déplacement à la fête de la Saint Martin.4
Le cheval ayant dès le début montré des difficultés à se décontracter, principalement au galop, le maître et moi avons décidé de pratiquer dans cette leçon un bon travail de flexions pour l'alléger.
- Travail de flexions à pied
Nous commençons par la flexion directe comme d'habitude.
Puis nous faisons pour la première fois la flexion latérale qui consiste à demander au cheval, après qu'il s'est décontracté, de tourner la tête d'un côté, sans tourner l'encolure.
Pour cela nous devons procéder de la manière suivante pour le côté gauche: tenir les rênes de filet au-dessus du chanfrein avec la main gauche et les rênes de bride dans la main droite. Demander au cheval de décontracter la mâchoire en étant droit (comme dans la flexion directe) et seulement après qu'il s'est allégé, tourner la tête à gauche sans que l'encolure ne bouge, le cheval devant rester tranquille sans se déplacer. Dans cette position l'obliger à se décontracter par de petites actions de main, la main gauche se rapprochant du cavalier et la droite dans la direction opposée. Pour que le cheval n'accompagne pas le mouvement de sa tête avec l'encolure, une autre personne peut appuyer la pointe d'une gaule sur la ganache, dans ce cas à la gauche du cheval.
Épaule en dedans à pied: le cheval exécute l'exercice demandé par le cavalier à pied.
Le cheval se déplaçant vers la droite, l'homme reste du côté gauche sans lâcher la rêne droite et agit avec la gaule sur la hanche gauche. Le cavalier se déplace pour accompagner le cheval.
Cet exercice n'a pas la même finalité que quand il est fait monté, dans ce cas on agit plus sur la croupe et à pied on agit pour décontracter.
Un autre exercice que l'on fait à pied et qui allège est le suivant:
Flexion d'encolure: le cheval marche à droite et le cavalier est du même côté tenant la rêne gauche de bride passant sur le garrot avec sa main gauche très basse; la main droite tient très doucement la rêne droite de filet; la main gauche tient aussi la gaule qui actionne la croupe tantôt à gauche en haut, tantôt à droite en bas.
- Flexions à cheval
Étant monté et ayant laissé le cheval se détendre au pas, nous commençons à faire la leçon de l'éperon de Baucher.
Cela consiste à laisser le cheval marcher lentement et quand il s'arrête, appliquer lentement les éperons à la sangle. Demander le maximum de décontraction, mettant la tête en deça de la verticale, faisant ainsi ce que les français appellent le «ramener outré». Après qu'il s'est décontracté de cette manière sans enlever les éperons, le cheval fait un départ vers l'avant en supportant les éperons et prend le pas. Pour qu'elle soit parfaite, cette leçon doit être donnée avec un cheval droit et parfaitement calme. Dans notre cas «Garoto» a reculé au début mais finalement il a obéi comme il se doit. Les rênes de bride sont dans la main gauche.
Cette «leçon de l'éperon5» présente quatre avantages:
- Obliger la mâchoire à la décontraction maximale.
- Faire comprendre au cheval que le signal donné par l'éperon exprime la volonté du cavalier qu'il se décontracte.
- Marcher plus avec les postérieurs.
- Placer la tête et l'encolure par l'action des jambes.
Nous faisons ensuite quelques rotations directes, arrêts en allégeant, reculer à pas comptés.
Ne jamais négliger que pour alléger le cheval nous devons raccourcir le pas le plus possible. Le cheval léger dans un pas ample peut être préjudiciable.
Appuyer aux deux mains.
Contre-changements de main au pas.
Au galop le cheval a eu du mal à partir à droite, parce qu'à la dernière leçon il s'était habitué à partir à faux à cette main.
Comme à la fin de la leçon il y avait un fort appui sur la barre à droite et peu à gauche, nous marchons large à main droite avec la rêne gauche de bride appuyée sur l'encolure et la rêne droite de filet éloignée de l'encolure, agissant plus avec la jambe droite qui est la jambe interieure.
Avec tout le travail de flexions à pied et monté, le cheval s'est montré beaucoup plus léger pendant toute la leçon et par dessus tout il y avait une amélioration certaine dans un galop décontracté qu'il n'avait pas encore donné.
8° leçon - 19-11-1951
Flexions à pied
:CUSTOMID: flexions-à-pied
Flexion directe: prêter beaucoup d'attention à ce que la mâchoire se décontracte correctement, c'est-à-dire du bas vers le haut et pas, comme c'est l'habitude du cheval, de droite à gauche.
Flexion latérale: ici, si c'est du côté gauche, c'est la rêne droite de filet (vers le haut et dirigée vers le cavalier) et la rêne droite de bride (vers le bas et dirigée dans la direction opposée) qui agissent le plus. Dans ce cas est provoqué un appui supérieur sur la barre de droite,
Comme Garoto ne s'appuie pas sur la barre de gauche il faut que nous fassions cet exercice dans le sens contraire, c'est-à-dire en positionnant le dresseur à pied du côté droit du cheval.
Flexion d'encolure: nous faisons l'exercice en cercle à droite pour que le cheval s'appuie sur la barre gauche.6
Comme il a tendance à ne pas ouvrir la bouche, ce qui rend la décontraction difficile, nous avons fait quelques exercices comme dont: étant à pied, donner quelques coups avec le mors de bride perpendiculairement au chanfrein; mettre le bout de la gaule dans la bouche, parfois en la passant entre le mors de bride et le mors de filet.
- Travail monté
Alléger au pas, arrêter, reculer à pas comptés, et faire le «ramener outré» en appliquant la leçon de l'éperon de Baucher.
Appuyer au pas; demi-voltes en rotation directe au pas.
- Appuyer au trot
Pour appuyer au trot le cheval doit avoir une bonne dose d'impulsion et sera aidé au moyen de la rêne intermédiaire.
La rêne intermédiaire, agissant dans une position médiane entre la rêne d'ouverture et la rêne d'opposition, a pour effet de déplacer le cheval en entier parallèlement à lui-même dans le sens contraire da la rêne.
Pour appuyer à droite: trotter franchement et quand on traverse le terrain utiliser plus la rêne gauche, moins la droite; jambe gauche en arrière et jambe droite à la sangle. Il faut faire l'exercice dans un trot raccourci mais bien impulsionné et décontracté.
Départs au galop aux deux mains.
Galop à faux suivi de changement de pied en abandonnant les rênes et en poussant avec la jambe contraire au sentiment du mouvement.
Le cheval a toujours présenté assez de légèreté et surtout au galop, a peu forçé peu la main, été cadencé et gardant sa vitesse. Progrès nets.
9° leçon - 2()-11-1951
Je suis allé à cheval au Jockey-Club mais il s'est montré très distrait avec les autres.7
Nous sommes retournés au manège et comme il s'était excité dans la rue et n'avait pas eu de flexions il se montra peu léger.
Il s'est plus allégé après que le maître l'a monté dans des cercles au trot et au galop.
Monté par moi à nouveau, on a appuyé au trot, arrêté et répété la leçon de l'éperon.
Le travail au galop a été fait avec peu de légèreté et pour le rendre plus léger, le maître m'a appris la «descente de mains et de jambes» qui consiste en ceci:
Le cheval galope normalement et mes jambes sont bien descendues. Je lève une main et donne des vibrations vers le haut. Sans lâcher la main qui est haute, ni désunir les jambes, lever l'autre main à la même hauteur etdonner aussi quelques vibrations.
Alterner celles-ci en gardant les mains hautes sans désunir les jambes.
Dès que le cheval s'est allégé on exécute une descente des mains et des jambes, consistant à ce que les mains et les jambes cessent d'agir doucement et complètement, le cheval restant léger et dans le même cadence de galop.
Galop en cercle en alternant les aides latérales intérieures et extérieures.
Le maître dit que le cheval n'est pas cadencé au galop parce qu'il n'a pas le rein gymnastiqué.
Pour cette raison nous faisons ce que les français nomment l'effet d'ensemble:
Le cheval arrêté. On réalise le «ramener outré» avec les éperons. On recule de quelques pas et en fixant bien la main on pousse vers l'avant avec les jambes, laissant la cheval prendre le galop sans céder de la main.
Quand il s'est allégé, procéder à la descente de main.
L'«effet d'ensemble» est l'exercice inverse de la «descente de main», et en pratiquant l'un à la suite de l'autre, nous arrivons à gymnastiquer le rein.
10° leçon - 23-11-1951
Ayant fait les flexions à pied j'ai monté le cheval mais comme il se montrait difficile à alléger le maître l'a monté quelque temps à la fin de quoi le cheval s'est plus décontracté.
Pour l'alléger le maître a pratiqué, entre autres exercices, ce que les français appellent «appuyer»8 qui consiste la croupe étant au mur, et par des effets diagonaux, à avancer avec le cheval au pas. Par exemple à droite: jambe gauche et rêne droite d'appui (près du garrot).
Cet exercice est très dangereux et peut encourager les chevaux traversés à se traverser. Il faut donc prendre toutes les précautions.
12° leçon - 26-11-1951
Il continue à faire des progrès dans les rotations directes, l'appuyer au pas et surtout l'appuyer au trot.
Il part bien au galop à chaque main, avec surtout la tendance à partir mieux à gauche, à mon avis, parce qu'il s'appuie moins sur la rêne de ce côté.
Il conserve sans difficulté notable le galop à faux.
À l'appuyer au trot il montre des progrès notables même s'il l'exécute mieux à gauche.
À la fin de cette douzaine de leçons je veux aussi donner mon opinion sur moi-même:
Je me sens mieux placé à cheval.
Je suis plus doux dans l'emploi des aides, ce qui ne veut pas dire que je ne dois pas l'être beaucoup plus.
Ma position est moins rigide.
Et surtout je sens plus de sensibilité, c'est-à-dire que je perçois beaucoup mieux toutes les réactions de mon cheval.
13° leçon - 28-11-1951
Le cheval n'a pas été monté mais travaillé avec l'«homme de bois».
Pas, trot, galop et arrêts fréquents.
14° leçon - 29-11-1951
Le cheval est monté. Nous faisons les exercices habituels avec une grande souplesse des rênes. Le cheval s'est bien allégé.
Descente d'encolure
Elle consiste en ce que le cheval, par exemple, passe du trot raccourci au trot large en laissant le cheval étendre son encolure. La différence entre descente de main et descente d'encolure est que dans la première le cheval continue dans le même équilibre, et dans la seconde le cheval passe à un équilibre horizontal.
15° leçon - 3-12-1951
Garoto s'est montré beaucoup plus léger, même si on note le manque d'appui de la barre droite. Pour appuyer nous avons fait des voltes à gauche sans les jambes et seulement avec la rêne de ce côté.
Comme le cheval se cadençait et s'allégeait bien au galop le maître a commandé des
rotations directes au galop
Il faut obtenir le cheval bien léger au galop; faire des cercles au galop et au cours de ceux-ci faire quelques pas en rotation.
Aides à droite: jambe droite à la sangle; jambe gauche derrière la sangle agissant; rêne droite près du garrot; rêne gauche agissant près du garrot pour déplacer les épaules vers la droite.
La jambe droite agit par touches pour activer le postérieur interne (le droit), vu que c'est celui qui a le plus de travail et supporte le plus de poids.
Le galop à faux est bon si bien que le cheval s'est moins allégé à main gauche, sachant la difficulté de l'appui sur cette barre.
Dans la rotation à droite l'essentiel est que le cavalier tire son corps vers l'arrière et lâche bien son rein, pour que le cheval cadence l'allure.
16° leçon - 5-12-1951
Après les flexions à pied, Garoto a été monté et s'est montré, comme dans la leçon précédente, beaucoup plus léger.
Nous appliquons à pied une flexion locale consistant à mettre les deux pouces entre les mâchoires un peu au-dessus de la commissure des lèvres.
Travail au pas: arrêts, flexions, «ramener outré», reculer de quelques pas, raccourcir et allonger l'allure, demi-voltes d'un côté et de l'autre en faisant un «effet d'ensemble».
- Serpentines
Elles consistent, au pas, à marcher le long du mur sans l'aide des jambes et avec la rêne contraire agissant très doucement9. C'est un moyen d'obliger le cheval à utiliser ses postérieurs par la seule utilisation de la rêne contraire. Les épaules en dedans sur le seul filet.
Travail au trot: trot raccourci et allongé, passant rapidement de l'un à l'autre pour gymnastiquer la colonne vertébrale.
- Pas d'école
Le cheval est dans un trot court et très léger, nous agissons avec les jambes bien en arrière et prenons contact avec les éperons. Le cheval se rassemble beaucoup plus, et après quelques pas cession totale de la main en poussant franchement vers l'avant avec les éperons avant de relâcher.
Cet exercice gymnastique la colonne vertébrale qui s'arrondit dans le trot court et s'étend dans le trot allongé.
On pousse le cheval vers l'avant pour éviter l'acculement, pour qu'il ne reste pas insensible à la force impulsive des jambes.
Travail au galop: galop raccourci et allongé, passant de l'un à l'autre avec légèreté.
Rotations au galop.
- Appuyers au galop
Bien utiliser les aides, surtout la jambe du côté où le cheval appuie. La rêne à utiliser de manière plus convaincue est la rêne directe et pas la rêne intermédiaine parce qu'à l'appuyer au galop on ne charge aucun membre.
17° leçon - 7-12-1951
Flexions à pied.
Travail au pas: allonger et raccourcir, «ramener outré», reculer à pas compté, etc.
Serpentines le long de la piste de chaque côté.
Travail au trot: trot allongé et raccourci avec des transitions rapides de l'un à l'autre. Conserver le cheval toujours léger.
Comme Garoto était assez léger et comme d'un autre côté il manque d'impulsion, d'extension et d'élévation de ses mouvements, le maître décide de lui apprendre le «passage» comme moyen d'une gymnastique plus appropriée.
Préparatifs pour le «passage»
Nous commençons par le côté gauche qui est plus difficile.
- Serpentines au pas à gauche et à droite.
- «Ramener outré» prolongé.
- Passer au trot très raccourci.
Les mains hautes exigent la décontraction et les jambes très en avant utilisent les éperons comme des piqûres d'insecte. Le corps du cavalier doit être le plus décontracté possible et les jambes ne doivent pas agir par la force mais doucement.
Comme le cheval se montrait peut attentif, le maître a fait éteindre la lumière du manège. Dans l'obscurité j'ai demandé un arrêt avec «ramener outré» et quand on a remis la lumière le cheval était attentif et éveillé.
Le mouvement a été demandé à chaque fois à gauche et avec l'aide de la cravache du maître sur les jambes, le cheval s'est diagonalisé. Au plus petit signal d'obéissance, céder de la main et des jambes et marcher au pas.
Le cheval a fui le pare-bottes plusieurs fois vers la gauche.
Je l'ai obligé à revenir au mur avec de petites touches d'éperon gauche qui étaient ce que La Guérinière appellait «pincer délicat de l'éperon10».
Il a aussi essayé de fuir l'action impulsive des jambes mais nous avons poussé énergiquement vers l'avant pour que le cheval ne s'accule pas.
La leçon se termine avec quelques pas d'épaule en dedans à l'autre main.
Le maître considère que le cheval a bien commencé cet exercice.
18° leçon - 10-12-1951
Travail de flexions à pied.
Travail de flexionnement et d'allègement au pas: arrêts, reculer, «ramener outré», appuyer, rotations directes, épaule en dedans.
Préparatifs pour le «passage»
Les préparatifs sont:
- Serpentines au trot.
- «Ramener outré».
- Trot très raccourci.
Le cheval continue de s'alléger de mieux en mieux.
Nous continuons à demander la diagonalisation à gauche.
Des progrès sont notables non seulement dans les foulées mais aussi dans la légèreté. L'amélioration vient de ce que ma pratique des petites touches d'éperon s'améliore.
Les jambes doivent être placées très en avant pour aider le cheval à se porter vers l'avant et empêcher l'acculement à quoi le cheval est un peu prédisposé.
Le maître est satisfait de la manière dont le cheval progresse.
Le maître applique la gaule sur les reins du cheval et celui-ci s'arrête.
L'effet de la gaule sur les reins du cheval est de le calmer.
19° leçon - 17-12-1951
J'avais emmené le cheval à la chasse au lièvre et il a eu beaucoup de mal à se décontracter, il était raide.
Après le travail habituel de légèreté, le cheval n'était pas comme précédemment.
Ce n'est que par le travail de rassembler qu'il a fini par s'alléger.
En résumé: mauvaise leçon.
20° leçon - 19-12-1951
Beaucoup de flexions à pied.
Quand je suis monté, j'ai tout de suite senti que le cheval était dans un bon jour, c'est-à-dire qu'il était léger.
Tout le travail a été calme, agréable et cadencé.
Dans le travail de deux pistes vers la gauche je dois actionner plus la croupe parce que les épaules tombent de ce côté.
Dans le travail de rassembler Garoto a été très bien.
J'ai reçu les félicitations du maître et du capitaine Monteiro qui était venu assister à la leçon.
Galop à faux, et quand le cheval est bien léger, changer de direction afin que sans changer de main, le cheval galope juste.
Le cheval est passé du galop large au galop «rassemblé» avec beaucoup de facilité.
Cela fut une des meilleures leçons sur Garoto.
21° leçon - 21-12-1951
Répétition des leçons précédentes.
Avant la leçon le cheval a galopé à l'extérieur assez longtemps monté par le maître, conservant toujours sa légèreté.
Bonne leçon de rassembler: progrès peut-être un peu lents mais sûrs.
Après cette date Garoto est parti pour Torre-Bela pour y passer les fêtes de Noël.
Garoto depuis ces fêtes n'est pas retourné à Lisbonne et ce fut la fin de ces leçons.
Traduction Jean Magnan de Bornier
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Notes de bas de page:
En français dans le texte (ndt)
En français dans le texte (ndt)
firme e seguro
Le grand rassemblement de chevaux et cavaliers se déroulant début novembre à Golegà.
En français dans le texte (ndt)
Le mot «appui» traduit littéralement ici doit être compris dans le sens que lui attribue La Guérinière: le sentiment que produit l'action de la Bride dans la main du Cavalier
L'original comporte une faute de typographie, la date étant «2-11-1951», ce qui est contradictoire avec le reste des dates. Cette leçon a eu lieu le 20, 21 ou 22 nov. 1951
En français dans le texte; il est clair que l'auteur confond les termes, puisqu'ici le terme français serait «croupe au mur». Quant au danger de cet exercice qui traverserait les chevaux, il est piquant de remarquer que La Guérinière craignait la tête au mur, qui pousse à traverser les chevaux, et préconisait la croupe au mur qui selon lui ne présentait pas ce risque.
Phrase manifestement incomplète dans l'original, que nous laissons en l'état.
En français dans le texte (ndt)