Préface au livre d'Oliveira «Breves notas sobre uma arte apaixonante: a equitação» (1955)
Que Dieu me donne le temps qu'il me faut pour mener à bien le travail que j'entreprends, le premier de ce genre dans toute ma vie, qu'en toute vérité on ne peut pas considérer comme courte, comme l'a très bien dit mon cher ami le général Julio de Oliveira.
Invoquant encore ce nom, je vais, noble écuyer artistique, comme me nomme ce vieil ami dans la préface de mon livre «Meditacões de um Cavaleiro», faire tout mon possible, dans ma petite position, pour accomplir le travail que j'ai entrepris.
L'œuvre que je préface s'intitule «Breves notas sobre uma arte apaixonante», art bien passionnant en effet, comme mon père l'affirmait et comme je peux le confirmer, puisque nous avons tous deux passé notre vie entière passionnés par l'Art de Mirialva, le brillant marquis, qui fut certainement, à son époque, son plus brillant praticien.
Ce travail est constitué d'une série d'articles, très bien écrits, traitant dans leur majorité d'Équitation Artistique, discipline qui de nos jours est peu en vogue, mais que les cavaliers portugais du début de ce siècle cultivèrent avec beaucoup de brillant et de solidité.
Nuno de Oliveira, leur auteur, est je pense le seul ou presque, qui la pratique de nos jours, et je crois qu'il n'est pas faux de le proclamer comme le continuateur des maîtres portugais de 1900 dont je cite les noms, même si je crains d'en oublier un ou plusieurs: Francisco de Figueiredo, D. João de Melo, João Gagliardi, D. José da Cunha Meneses, Manuel Mourisca, Conde de Fontalva, Jorge Rebelo da Silva, Joaquim Gonçalves de Miranda e Antonio Tavano, ceci sans évoquer les écuries privées de la Maison Royale.
Les 2°, 5° et 7° furent écuyers de la Estação Zootécnica Nacional [les haras nationaux ndt].
Je ne cite que ceux qui appartiennent à sa catégorie, parce que les cavaliers militaires, plus nombreux, n'atteignaient pas dans ce domaine le niveau des écuyers cités.
Je n'ai pas connu quelqu'un qui possède une intuition du cheval à un degré plus grand que Nuno de Oliveira, ni quelqu'un qui aime recevoir l'enseignement de qui en était capable, cela joint à une faculté d'assimilation qui touchait souvent au zénith.
Très souvent je lui donnai de légères directives que lui transformait, en peu de temps, en précieuses leçons.
Je n'ai jamais été son maître et pourtant il est le seul écuyer dont la concurrence, si j'étais encore actif, me causerait quelque souci…
Avant les maîtres de 1900 il existait quelqu'un de très notable dans notre milieu équestre, dont je veux faire connaître la célébrité aux portugais.
Je parle de José Martins Queiroz Montenegro Minotes, écuyer du nord né le 14 mars 1841 dans la ville de Guimarães et mort le 15 septembre 1906 dans la même ville, lequel fut, je peux l'affirmer, le maître le plus notable d'Équitation de Fantaisie existant au Portugal, qui fut connu de son temps en France, terre d'écuyers de la classe de Baucher et de Fillis.
Cet écuyer assistait à Paris, à une soirée de gala organisée par le célèbre Mollier, dans son manège.
Quand cet «écuyer» [en français dans le texte, ndt] entra pour exécuter son numéro prévu au programme, l'organisateur de la fête descendit de cheval et offrit de monter son cheval à José Martins qui, portant redingote et pris au dépourvu, eut à peine le temps d'ajouter à son équipement une paire d'éperons mal ajustés à ses chaussures de soirée.
Montant ce cheval pour la première fois, son succès fut tel qu'il reçut les commentaires les plus favorables de toute la presse française.
Ceci m'amène à la fin de mes paroles simples et sans prétention pour présenter ce nouveau livre «Breves notas sobre uma arte apaixonante».
Que les succès de Nuno de Oliveira rejoignent ceux de Martins Minotes et que les paroles qui suivent donnent à ce travail le brillant et l'intérêt qu'il mérite.
Lisbonne, le 10 mars 1955
Traduction Jean Magnan de Bornier